Arctan, caché dans un des rares arbres en bordure de la forêt d'Astrub, attendit que Choupette ne soit plus en vue avant d'en redescendre tant bien que mal (quelle idée aussi de monter si haut dans un arbre quand on descend d'une boule de fourrure qui passe son temps à dormir et miauler en quête de nourriture...).
Après une progression aussi peureuse que mesurée, l'écaflip finit par rater une branche sans pouvoir se rattraper et dégringola de trois bons mètres, fermant les yeux très fort et espérant que la chute ne serait pas trop douloureuse.
Quand il osa enfin risquer un regard autour de lui, il se rendit compte qu'il était retombé sur ses pattes comme tout félin (quand bien même, cette expérience et toutes celles qu'il avait vécues par le passé ne lui ôterait pas la peur viscérale que lui inspirait la descente d'un arbre), et qu'Elen se prélassait dans l'herbe non loin de là, se moquant ouvertement des péripéties que rencontrait le "chat".
Un peu gêné, ce dernier s'assit à son tour, un peu loin toutefois de la sadidette avec qui il était sensé pique-niquer. Ils déballèrent néanmoins ce qui allait leur servir de repas : un peu de pain aux céréales, du lailait pour Arctan, des beignets de tofu et une bonne cuisse de bouftou des familles (aux fines herbes s'il vous plaît), avec, en dessert un peu de gelée à la fraise.
Ce n'était pas l'appétit qui manquait, surtout en cette heure assez tardive pour un déjeuner, mais la distance qui séparait Elen du disciple d'Écaflip rendait la conversation assez difficile (ils parvenaient à échanger quelques mots mais étaient obligés de parler un peu fort, les bruits de robinet qu'émettaient en permanence ces étranges créatures que sont les blops ne faisant qu'ajouter de la difficulté à la chose : pour faire bref, la situation était quelque peu inconfortable).
Heureusement, Arctan avait plus d'une corde à son arc : il décida de mettre en pratique la feinte du bwak (vous savez ces bestioles qui piaillent tout le temps pour qu'on leur donne des graines à manger).
En effet, le félinoïde, qui tenait cette technique de drague de feu son tombeur de géniteur, avait toujours dans son sac le fantôme d'un bwak traumatisé par la famine, qu'il essayait tant bien que mal de faire passer pour vivant.
Il s'en saisi furtivement alors qu'Elen s'affairait à engouffrer ses beignets (quel manque de classe) et le mit en évidence devant lui...
"Raah cette sale bête essaye encore de s'échapper" s'écria-t-il, avant de se lever pour le ramasser et se rasseoir un mètre plus près de celle qui partageait son repas.
En répétant l'opération plusieurs fois, il finit par prendre place juste devant la brakmarienne, pensant fièrement que son manège était passé inaperçu et remerciant intérieurement le père des enfants de sa mère : la conversation pouvait débuter...